Les objectifs de reconnaissance ont été atteints dans le respect des paramètres environnementaux, contractuels et de budget
Dernier tour de coupe pour Gea, qui a terminé l’excavation de la galerie de reconnaissance de Chiomonte à 7020 mètres de l’entrée. Les travaux ont permis de recueillir toutes les données (géologiques, hydrologiques, géo mécaniques et d’excavation) nécessaires pour affiner le cadre de conception du tunnel de base du Mont-Cenis en vue des ouvrages définitifs. Les objectifs désormais atteints, dans le respect des paramètres environnementaux, contractuels et de budget, TELT a décidé de réorganiser les activités du chantier, en utilisant les ressources des derniers 400 mètres pour quelques travaux de finition qui rendront plus facile le lancement de l’ouvrage principal. Cette décision s’insère dans la mise à jour du projet qui prévoit le lancement des chantiers pour le tunnel de base à partir de Chiomonte et qui permettra de reporter l’achèvement des travaux de la galerie de reconnaissance de juillet 2017 à avril 2018. C’est ainsi que s’ouvre la « phase 3 » : après la mise en place et l’excavation, la réorganisation du site débute pour les activités futures.
Galerie de reconnaissance
La galerie de reconnaissance de Chiomonte fait partie des ouvrages de la section transfrontalière du Lyon-Turin, qui s’étend de Saint-Jean-de-Maurienne à Suse-Bussoleno. Le chantier a débuté en 2012, en janvier 2013 l’excavation a démarré en traditionnel et s’est poursuivie par méthode à partir de la fin de l’année, avec l’utilisation d’un tunnelier de 6,30 mètres. Le but de cet d’ouvrage est de reconnaissance : sonder le massif d’Ambin, jusqu’au niveau de couverture maximal du tunnel de base du Mont-Cenis. L’avancement du tunnelier s’est révélé efficace ( 14 mètres par jours, avec un pic à 30 mètres ) et aucun phénomène de convergence n’a été rencontré. Pendant les travaux des relevés géologiques, hydrogéologiques et géo-mécaniques ont été effectués, mais également des sondages, des essais in situ en laboratoire, des suivis géophysiques, de résistance et de déformation.
L’histoire et les retombées en terme d’emploi
Le chantier de Chiomonte a une histoire particulière sous plusieurs aspects, depuis 2012 et à la suite des innombrables attaques de chantier de la part des opposants violents au Lyon-Turin, il a été déclaré site d’intérêt stratégique national et le travail des ouvriers est surveillé constamment par les forces de l’ordre. En pic d’activité le chantier a employé 170 personnes dont 42 % provenant du Val de Suse, 14 % du reste du Piémont et 44% d’Italie et de l’étranger. Sur les 460 personnes impliquées, 211 (43,23 %) sont de la Province de Turin et 67 (13,06%) de la vallée.
L’environnement une priorité
Une attention toute particulière a été portée au suivi environnemental du chantier de Chiomonte, auquel a été dédié 5 % du budget de l’ouvrage total, d’un montant 173 millions d’euros. Les contrôles sont effectués par 66 stations de mesure, 26 dans l’enceinte du chantier et 40 dans un rayon de 15 km. Les vérifications sont effectuées par l’ISPRA, l’ASL et surtout par l’ARPA (Agence Régionale de protection de l’environnement) sur 135 paramètres, dont les poussières, le bioxyde d’azote, les radiations, l’amiante, les eaux, le bruit, les vibrations et les composants biologiques. Sur plus de 40 000 relevés aucun point critique n’a été décelé.
S’agissant d’un ouvrage essentiellement en souterrain, la connaissance précise du contexte hyrdrographique, hydrogéologique et les contrôles sur les sources hydriques (sources, puits, piézomètres, cours d’eau) revêtent une importance fondamentale pour la section transfrontalière. Le suivi des eaux a débuté bien avant le lancement des travaux et il est réalisé tous les mois depuis de nombreuses années sur le parcours du projet et de manière encore plus pointu sur les sections concernées par l’excavation ? Le réseau contrôlé compte 180 points d’eau en France et 170 en Italie. Les nombreux contrôles effectués ont mis en évidence le fait que l’excavation de la galerie n’a pas impacté le milieu naturel de chacun des points d’eau.
Afin d’approfondir le contrôle d’impact de l’ouvrage sur le territoire, TELT a signé une convention avec l’Université pour mener une Evaluation d’Impact sur la Santé (VIS) dans les communes limitrophes à la zone d’excavation de la galerie de reconnaissance de La Maddalena.
Légalité, un objectif atteint
Grâce au Protocole antimafia signé à la préfecture de Turin en 2012, aujourd’hui ce sont 1190 demandes d’antimafia qui ont été effectuées pour les Marchés italien de l’ouvrage, dont 840 uniquement pour le chantier de Chiomonte. La Préfecture a émis jusqu’ici deux « interdictions », c’est-à-dire l’exclusion des entreprises non conformes.
Ni LTF, ni TELT n’ont jamais été impliquées dans des enquêtes du Parquet pour des infiltrations mafieuses. Toutes les activités sont soumises aux contrôles de la Préfecture et par le GITAV ( groupe interforces dédiées à la prévention de infiltrations de la criminalité organisée dans le Lyon-Turin). Le jugement du procès San Michele sur la présence de la ‘ndrangheta dans la région de Turin (juin 2016) a confirmé que la criminalité organisée n’a jamais réussi à infiltrer les chantiers du Lyon-Turin du temps de LTF et d’autant plus combattue par TELT aujourd’hui.
La société a été est soumise aux contrôles de l’Olaf, de l’Agcom, et l’Anac , qui n’ont jamais relevé d’irrégularité dans son exploitation. huit recours ont été déposés auprès des tribunaux de Turin, du Latium et du Piémont, six ont été classés sans suite ou les jugements ont été prononcés en faveur de LTF, deux sont en cours d’instruction.
En juin 2016, la Commission VIA a rendu un avis positif sur les conclusions des activités de vérification de mise en œuvre de la phase d’exécution et sur les prescriptions du CIPE n°86/2010. Il s’agit en particulier de 128 prescriptions et trois recommandations (qui devront pour certaines être mises en œuvre à la fin de l’ouvrage) qui concernent plus des adéquations des suivis environnementaux, quelques approfondissements sur le projet et l’exécution des études sur différents facteurs.
Le chantier du Lyon-Turin a subi des dégâts pour un montant de 320 000 euros entre 2011 et aujourd’hui. Depuis 2014 l’Etat s’est doté d’une loi spécifique sur le remboursement des entreprises victimes de ces attaques.
2000 visites en 2014
Etant donné ses particularités, le site de Chiomonte a attiré beaucoup de visiteurs : depuis 2014 jusqu’à aujourd’hui plus de 2000 personnes l’ont visité. Ce sont principalement des techniciens et des professionnels du secteur de la construction, des géologues, des étudiants, mais également beaucoup de résidents du secteur qui ont voulu voir de plus près les travaux et le tunnelier Gea.
On note également des délégations internationales en provenance de Téhéran (mars 2015), d’Afrique (juin 2016), de Chine (juillet 2016) et du Japon (Compagnie ferroviaire JR Central, en novembre 2016). La Maddalena est devenue également un lieu d’étude et d’approfondissement du secteur de la construction (ANCE Giovani, mars 2016), sécurité au travail, géothermie, transports, et management.
Depuis octobre 2016, avec l’inauguration de Tunnel Art Work, le projet auquel ont participé des street artist italiens et français pour la création d’une galerie d’art à 2 800 mètres au cœur de la montagne, la curiosité du public a encore augmenté. Chimonte sera également le premier terrain d’expérimentation des « chantiers parlants », une initiative de TELT qui offrira aux visiteurs une immersion à 360 degrés dans l’ouvrage.
Lancement de la phase 3 : le futur des travaux
La phase 3 s’ouvre à Chiomont : Après la préparation et l’excavation, une phase de réorganisation débute pour l’utilisation future du site, qui prévoit la réduction des effectifs de 77 à 38 ouvriers dont 92% de main d’œuvre locale. Une fois la galerie terminée elle servira de conduit de ventilation et de voie d’accès pour a maintenance et la sécurité.
En attendant, la zone s’apprête à accueillir le premier chantier italien du tunnel de base du Mont-Cenis. Une variante du projet approuvée en 2013 sera publiée d’ici le printemps et prévoit le lancement de l’excavation de l’ouvrage principal du Lyon-Turin depuis la Maddalena.
TELT met en place les actions necessaires pour le lancement des travaux définitifs : au cours des derniers mois, un avis de marché de 110 millions d’euros a été publié au journal officiel de l’UE pour la maitrise d’œuvre en France. D’ici la fin de l’année la maitrise d’œuvre du premier lot en Italie sera également attribuée.
1,9 milliards d’euros de travaux seront réalisés d’ici à 2019, financés à hauteur de 813 millions par l’Europe, pour un coût total de 8,6 milliards certifié par un organisme tiers. Les premiers chantiers à ouvrir seront ceux de l’embranchement autoroutier de l’A32 Turin-Bardonecchia, qui donnera un accès direct au chantier de La Maddalena et la relocalisation de l’autoport de Suse à San Didero pour laisser de l’espace aux zones qui accueilleront la nouvelle gare internationale.