«Consternant», «regrettable» mais sans aucune conséquence concrète sur le Lyon-Turin. Voici comment a été accueillie par la plupart des responsables politiques, économiques et associatifs la décision de la Ville de Grenoble de se retirer du financement des accès français de la nouvelle liaison ferroviaire Lyon-Turin, le 18 avril dernier. «Il s’agit d’un coup de communication», a résumé un élu de l’opposition grenobloise, Matthieu Chamussy. «Votre délibération porte en elle les germes du repli sur soi et de la décroissance. Vous n’êtes pas de gauche, vous êtes à l’Ouest », a expliqué l’élu membre du groupe Les Républicains-UDI.
L’ancien maire de la ville Michel Destot, qui avait lui-même signé ce protocole d’engagement en 2007, a expliqué qu’il était « consterné » par cette décision. «Il convient de rappeler que ce projet est d’un intérêt majeur, tant en termes de report modal route-rail et de préservation de l’environnement, qu’en termes de retombées économiques. 70 milliards d’euros d’échanges commerciaux ont lieu chaque année entre la France et l’Italie, qui est le deuxième client et le deuxième fournisseur de notre pays en Europe », a poursuivi le député de l’Isère. «Ce projet écologique va en outre générer plusieurs milliers d’emplois. Cette triste décision dénote une nouvelle fois la volonté de la municipalité d’accélérer l’isolement croissant et la perte d’attractivité de Grenoble.»
A l’occasion d’une conférence de presse organisée à Chambéry, Louis Besson a lui aussi pointé du doigt cette décision en expliquant toutefois que cette dernière ne remettait nullement en cause la section transfrontalière du Lyon-Turin. «Il ne s’agissait pas pour Grenoble de financer le tunnel de base mais d’apporter une contribution aux accès. Or Grenoble a tout à gagner du financement des accès (…) Je suis déconcerté », a expliqué dans un premier temps le président de la Commission intergouvernementale franco-italienne (CIG). Le Directeur général de TELT, Mario Virano, a pour sa part rappelé que le projet de nouvelle liaison ferroviaire a été porté depuis des années par une diversité d’acteurs, de toutes sensibilités politiques, et que cette constance donnait au projet une certaine solidité. «Il n’y aura aucune conséquence concrète, aucun effet pratique», a commencé par dire Mario Virano. «On a eu treize sommets franco-italiens dont cinq entre 2012 et 2016 avec pour thème principal le Lyon-Turin. On a eu l’engagement européen, on a eu des décisions des collectivités locales des deux côtés des Alpes, des régions. C’est un parcours très solide. Vous savez, quand on construit un bâtiment très solide, on n’a pas peur d’un coup de vent », a-t-il poursuivi. Du côté des associations et des syndicats, cette décision n’est pas non plus passée. Les antennes régionales et départementales du Medef, principal syndicat des chefs d’entreprise français, se sont dit notamment «consternés par ce retrait inadmissible. Il s’agit d’une décision dogmatique, destructrice pour la croissance et l’emploi de nos territoires».
La CGT (Savoie, Isère, Cheminots et Transports Alpes du Nord) stigmatise quant à elle le maire de Grenoble Eric Piolle. « La majorité a renié ses valeur écologiques vis-à-vis d’un projet qui a vocation à rééquilibrer les modes de transports de la route vers le rail», souligne-t-elle. Enfin l’Association pour le développement des transports en commun (ADTC) dénonce une décision qui ira selon elle à l’encontre des usagers: «En se retirant du projet Lyon-Turin, la ville de Grenoble oublie les usagers du TER. Le protocole concerne la ligne d’accès au tunnel de base et non le tunnel lui-même qui est financé par l’Europe et les Etats français et italiens. Cette ligne permettrait de dé-saturer la ligne Lyon-Grenoble-Chambéry », fait remarquer l’association grenobloise.
Le tunnel de base atteint un front de roche dure
Les dix fronts d’excavation et les travaux à l’air libre de la section transfrontalière progressent.